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Les claviers d'accordéons bisonores

Introduction

Cette page est mise à jour régulièrement, en fonction des découvertes et des avancées que je fais. N'hésitez pas à repasser de temps en temps.
C'est la présentation détaillée de mes claviers. Vous trouverez une présentation plus courte de Ctrl-Alt-Suppr, de Pythagoras et de Alt-F4 en cliquant sur les liens correspondants.

Sur cette page, je présente un schéma de clavier d'accordéon bisonore trois rangs pour le coté "main droite" et un autre pour le coté "main gauche", c'est à dire, une manière différente de répartir les notes sur chaque bouton. Le premier porte le doux nom de Ctrl-Alt-Suppr, et le second, de Pythagoras. J'ai preféré leur donner ces noms énigmatique plutôt que mon nom pour deux raisons : d'abord pour ne pas paraître mégalomaniaque, ensuite, parce que je ne m'en attribue pas particulièrement la paternité.

L'air du temps a poussé de plus en plus les accordéonistes bisonore à jouer des musiques de repertoires différents, et à adapter leur clavier en conséquence : les propositions d'autres schémas de clavier ne sont pas nouvelles. Le schéma proposé ci-dessous constitue comme une synthèse entre différentes expériences menées ici et là, des plus minimes aux plus aventureuses. Ces questions et leurs réponses font partie du domaine public, et elles se nourissent mutuellement. J'ai décortiqué pas mal de schémas de claviers déjà existants que j'ai trouvés (JPL, François Heim, Gazman, Pignol/Milleret, polymodal de JCB...), et je refléchis là-dessus depuis assez longtemps, c'est pourquoi je pense proposer un schéma assez systématique.

Il aurait pu être proposé par quelqu'un d'autre, à quelques années près. D'ailleurs, j'ai été agréablement surpris d'apprendre, après l'avoir élaboré, que d'autres accordéonistes avaient un clavier assez proche de Alt-F4, et qu'il existait des projets qui supprimaient le système basse-accord à la main gauche. Il y a sûrement d'autres propositions de claviers très similaires à avoir été faites, et il se peut que je ne les connaisse pas. La seule chose que j'éspère, c'est que, si certains ont déjà trouvé un schéma comparable à celui-ci, ils ne l'aient pas breveté, car j'ai mis celui-ci sous une licence libre (Creative Commons BY-NC-SA), qui permet de la partager mais pas de la déposer sous un nom précis, pour les raisons mentionnées ci-dessus.

En général, lorsqu'on présente un clavier entier, il est difficile d'en discuter, car on n'en saisit pas toujours la logique. C'est pourquoi j'ai détaillé petit-à-petit la constitution de l'accordéon bisonore de mes rêves, en prenant le temps d'expliquer chacune des étapes. J'espère ainsi qu'une erreur de raisonnement serait plus facilement décelable et localisable, et que les corrections à y apporter n'en seraient que d'autant plus faciles. Car c'est avant tout pour cela que je propose ici ce schéma : pour avoir vos avis, qu'ils soient bons ou mauvais. J'aurais certainement pu continuer à croire que ce schéma de clavier est parfait si je l'avais gardé dans mon coin, et si j'avais refusé de le partager avec les autres.

C'est pourquoi j'ai essayé de détailler autant que possible les étapes du raisonnement, et leurs présupposés. Pour ceux que ça barberait, le schéma complet du clavier se trouve en bas de la page, mais je vous conseille vivement de lire au moins certains passages, ou de regarder l'évolution des images au fur et à mesure que la page descend. Pour vous : vous comprendrez mieux le schéma arrivés en fin de la page. Pour moi : pour avoir des critiques, il faut être lu en détail, et je rappelle que cette page n'a pas pour autre but que de recevoir des critiques, pour me permettre d'améliorer ce schéma.

La page contient aussi une refléxion sur les questions d'accordage, à l'occasion, et des choix liés à mes gouts personnels. A vous de faire le tri.

Plan :

Introduction

Plan

Conventions de notation

Ctrl-Alt-Suppr

exigences de départ

sur deux rangs

le troisième rang

le clavier entier

les défauts

Pythagoras

seulement des basses

seulement des basses ?

les alternatives

possible sur 16 basses

...ou sur 32 !

unisonore ou bisonore ?

Les voix

main droite

main gauche

Sur d'autres claviers - Alt-F4

Récapitulatif

à droite

à gauche

Conventions de notation

Par convention, je prendrai pour point de départ un accordéon Sol/Do/Altérations. J'utiliserai "première rangée" pour désigner la rangée extérieure, c'est à dire celle de Sol, "deuxième rangée" pour désigner celle de Do, et "troisième rangée" pour celle des altérations. Par "en haut", j'entends la partie grave du clavier de la main droite, et par "en bas" sa partie aigüe. Sur les illustrations, la première rangée est en bas, la partie supérieure du bouton contient la note en poussé, et la partie inférieure contient celle en tiré. Une "voix" est le son que l'on obtient lorsqu'un type d'anche particulier (basson, flûte, piccolo,...) sonne. Comme dans une chorale, plusieurs voix peuvent sonner en même temps. Pour un "son", il peut donc y avoir plusieurs "voix" : le "bandonéon" est composé de la voix "basson" et de la voix "flûte".

conventions de notation

En ce qui concerne le décompte des anches, je compte une anche pour le poussé et une pour le tiré, bien qu'elles soient fixées sur un même support.

Ctrl-Alt-Suppr

monter

exigences de départ

Ce clavier entend répondre à trois exigences de départ.

Abolir le décalage entre poussé et tiré d'une octave à une autre

Ce décalage est du à la manière dont est ordonnée la gamme sur un rang. Par exemple, prenons la gamme de Sol. Si l'on souhaite pouvoir faire l'accord de Sol majeur en poussé, dans tous les renversements possibles, sans sauter de bouton, alors on doit répartir les notes comme suit en poussé :

schéma du décalage

On a donc trois notes de la gamme en poussant, et si l'on veut mettre toutes les autres en tirant, on constate qu'il faut en mettre quatre. D'octave en octave, on progresse seulement de trois notes en poussant, et de quatre notes en tirant : d'où le décalage. La solution consiste simplement à mettre autant de notes en poussant et en tirant.

Remarque : Si l'on choisit de répéter des tranches d'une octave qui ont le même nombre de boutons en poussé et en tiré, il faut choisir une configuration poussé/tiré de départ pour chaque bouton. Ainsi, sur un clavier standard, la note qui se trouve sur le même bouton que le sol, sur la première rangée, est le la dans les graves, et le fa# dans les médiums. Pour ce clavier, nous choisissons la configuration du milieu du clavier, c'est à dire que sur un bouton, le poussé est plus aigü que le tiré. Mais on pourrait refaire un clavier en partant de la configuration du haut du clavier. Le clavier ressemblera alors à cela.

Ne pas introduire de notes "exotiques" sur les deux premiers rangs

J'appelle "note exotique" une note qui, dans la rangée qui correspond à une gamme, n'appartient pas à cette gamme. Par exemple, toute altération sur une rangée de Do. Cette solution a été proposée par certains pour éviter les doublons. Par exemple, puisqu'il y a deux sol en poussant (un sur la première rangée, et un sur la deuxième), alors on peut en remplacer un par un sol#. Je suis d'accord avec l'idée d'éviter les doublons, mais il faut les remplacer par des notes bien placées : des notes de la gamme de sol sur la première rangée, de la gamme de do sur la seconde, et des altérations sur la troisième. C'est le sens de "Ctrl-Alt", qui signifie ici "le contrôle des altérations", ou la manière de les placer là où elles doivent être.

Avoir un instrument qui supporterait une version "grand format" pour les riches et une version "petit format" pour les apprenants

Cette exigence est liée à la seconde, mais elle est plutôt d'ordre économique. La grande difficulté de diffusion de claviers alternatifs est qu'ils obligent à tout réapprendre. On souhaite d'un trois rangs qu'il soit une extension par rapport à un deux rangs, et non un boulversement. Cette exigence me paraît justifiée, et je pense que si l'on veut populariser son schéma de clavier (on n'est pas obligé de le vouloir), alors il faut penser à l'évolution des apprenants, et, par conséquent, il faut proposer un clavier qui vaut aussi quelque chose sur deux rangs. Ainsi, l'apprentissage pourra commencer dès le début sur un nouveau modèle, à deux rangs seulement, puis c'est naturellement, sans aucun choc, que l'apprenant se dirigera vers un modèle plus complet. Les deux rangs ne seront pas réorganisés au passage du premier au second.

Or, ceci n'est pas possible pour la plupart des schémas proposés : en introduisant des "notes exotiques" sur les deux premières rangées, et des notes indispensables sur la troisième, ils ne rendent le clavier cohérent et utilisable que sur trois rangs. Ceci a les fâcheuses conséquences décrites ci-dessus, que celui qui souhaite l'adopter, soit doit tout réapprendre, soit doit avoir pour premier instrument un 3 rangs 18 basses !

Les claviers Ctrl-Alt-Suppr et Pythagoras répondent à cette exigence, et c'est pourquoi le clavier Ctrl-Alt-Suppr est d'abord pensé sur deux rangs, auxquels on ajoute le troisième.

Autres

Il ne s'agit pas d'exigences de départ, mais plutôt de conséquences de la construction du clavierénbsp;: nous n'avons pas de doublons, et la montée chromatique est très naturelle en tiré. De plus, le schéma reste assez proche du modèle traditionnel tout en possédant toutes les notes de la gamme chromatique en poussant et en tirant. Il est assez "économique", dans le sens où il ne conduit pas, pour pouvoir tout faire à l'accordéon, à opter pour un instrument gigantesque (avec, par exemple, quatre rangs et 24 boutons aux basses).

C'est aussi une des principales raisons d'être de ce clavier : être complet sans tomber dans le gigantisme. Il est légitime que les accordéonistes diatoniques veuillent jouer de tout, et avoir l'instrument qui le permet, mais ce n'est pas une raison pour toujours augmenter le nombre d'anches, de boutons, le poids, ... Sinon, autant se mettre au chromatique. Ce schéma (et les propositions d'accordage) tentent, autant que faire se peut, de concilier l'idée d'un petit instrument et celle d'une instrument complet.

monter

sur deux rangs

Notre première exigence nous rappelle deux choses : premièrement, puisqu'il n'y aura plus de décalage d'ocatve à octave entre poussé et tiré, alors il est possible, pour l'instant, de raisonner sur une octave seulement. Deuxièmement, nous voulons autant de notes en poussant et en tirant. Ceci n'est pas vraiment possible si l'on raisonne rang-par-rang, ou gamme par gamme, car les gammes de sol majeur et de do majeur contiennent 7 notes, et c'est un nombre impair qui nous empêche de diviser également la gamme entre poussé et tiré.

Par contre, si l'on raisonne sur les deux gammes prises ensembles, on obtient 8 notes : la gamme de sol et de do ont 6 notes en commun (sol-la-si-do-ré-mi), plus le fa# pour la gamme de sol, et le fa pour la gamme de do. 6+1+1=8. Ainsi, il est possible de caser les huit notes des deux gammes en poussé, sur huit boutons (quatre sur le premier rang, quatre sur le second), et faire la même chose en tiré. Bien sûr, du fait qu'il s'agit d'un accordéon bisonore, les notes ne seront pas placées au même endroit entre le poussé et le tiré !

Maintenant, nous cherchons la manière de répartir les huit notes sur ces huit boutons, en poussé et en tiré, qui soit la moins éloignée du schéma de clavier tradtionnel, et qui respecte le plus l'esprit du bisonore. Nous nous interdisons alors de placer le fa# sur la rangée de do, et le fa sur celle de sol. Puisque chaque notre doit être trouvée en poussé et en tiré, ceci signifie que l'on trouvera deux fois le fa# sur le premier rang : une fois en poussé, et une autre en tiré. Il en est de même pour le fa sur le second rang. Pour les autres, on les trouvera une fois en poussé sur un rang, et une fois en tiré sur l'autre. Le schéma que nous obtenons est le suivant. En rouge sont notés les changements par rapport au schéma traditionnel.

schéma sur deux rangs et une octave

On constate que sur 16 notes, seules 4 changent. C'est à dire que seul le quart des notes du clavier est différent du clavier traditionnel. C'est finalement assez peu. Les principaux changements peuvent être décrits ainsi : on inverse le sol tiré et le la poussé sur le second rang, et l'on rajoute un fa# en poussé sur le premier rang, et un fa en poussé sur le second. On constate que l'on retrouve chaque note en poussé sur l'autre rang en tiré, et vice-versa, sauf pour les cas du fa et dufa#.

Premier exemple :

rang ext poussé et int tiré

Deuxième exemple :

rang int poussé et ext tiré
monter

le troisième rang

La gamme chromatique comporte douze notes. Nous en avons placé huit sur les deux premiers rangs. Il nous en reste donc quatre à placer, en poussé comme en tiré, sur le troisième : le do#, le mib, le sol#, le sib. Voici la manière de les disposer qui semble la plus simple :

troisième rangée bisonore

Voyons à quoi ressemble la montée chromatique sur ce clavier. Si la montée chromatique est un bon critère pour l'ergonomie d'un clavier, notons toutefois que l'on la joue très rarement, la plupart du temps, on joue des gammes en sautant certaines notes.

En tiré, elle est très logique. Elle suit le schéma de progression des deux rangs (on remonte légèrement sur trois boutons, puis on saute à la prochaine suite de trois boutons). Le schéma n'est pas très explicite, mais la montée chromatique en tiré est presque aussi simple que sur un chromatique.

En poussé, elle est plus problématique, surtout le passage mib-mi-fa-fa#-sol, un peu laborieux, mais rien d'insurmontable. En réalité, on fait rarement la montée chromatique toute seule, et on peut faire ce passage en poussé. C'est l'enchaînement mib-mi qui pose des difficultés.

monter

le clavier entier

En fonction des luthiers, les accordéons trois rangs sont disposés en 12-11-10 ou 11-12-11. La principale question qui nous intéresse ici est la suivante : comment répartir les différentes "tranches" d'une octave (4 boutons sur 3 rangs) que nous avons élaborée jusque-là sur un clavier entier ?

Un des avantages de ce clavier se retourne en inconvénient : il possède les 12 notes de la gamme chromatique en poussé et en tiré. Réparties sur trois rangs, il y a quatre notes par rang. Ceci signifie, que, pour une tessiture de 3 octaves complètes en poussé et en tiré, il faudrait avoir un accordéon en 12-12-12 au moins. Alors que, sur certains schémas traditionnels, on peut jouer certaines notes sur 4 octaves sans user des registres, ici, on ne pourrait en faire certaines que sur deux octaves.

Deux solutions peuvent être offertes à ce problème : la première consiste dans l'étude des claviers, pour chercher quelle disposition nous permet, sur un accordéon à trois rangs de pouvoir jouer sur la plus grande tessiture possible sans trous. C'est celle qui est abordée juste en dessous. La seconde consiste dans l'étude des différentes anches que l'on peut associer à chaque bouton et qui donnent différentes voix. Celle-ci est abordée au point "les voix - main droite"

Il y a plusieurs éléments à prendre en compte : Nous voudrions un clavier qui ait le moins de trous possibles dans les graves et les aigüs et qui comporte à ces endroits-là les notes qu'on utilise souvent. Nous voudrions aussi un clavier qui permette d'avoir la plus grande tessiture possible, mais cette exigeance est problématique :

Nous distinguons entre trois sortes de tessitures : la "tessiture réelle", qui consiste en l'écart entre la note la plus basse et la note la plus haute du clavier, sans tenir compte pour l'instant de la combinaisons des différentes voix; la "tessiture chromatique", qui consiste en l'intervalle sur laquelle on peut effectuer la montée chromatique; et la "tessiture chromatique poussé-tiré", qui est l'intervalle sur laquelle on peut faire la montée chromatique aussi bien en poussé qu'en tiré. La première distinction est rendue necessaire pour un instrument comme l'accordéon car il est possible sur un accordéon d'avoir une note très basse mais pas le demi-ton qui lui est directement supérieur. La seconde distinction est propre au bisonore : là où la "tranche" est incomplète, il est possible d'avoir une note en poussé mais pas en tiré, ou inversement, et par conséquent, il est possible de faire la montée chromatique, mais en passant du poussé au tiré et inversement. La tessiture réelle et la tessiture chromatique pousé-tiré jouent l'une contre l'autre, puisque soit l'on a beaucoup de notes, mais chacune est seulement en poussé ou bien seulement en tiré; soit l'on a peu de notes, mais chacune est à la fois en poussé et en tiré.

sur un 11-12-11

Voici sûrement la manière la plus cohérente de mettre le clavier sur un modèle en 11-12-11 :

le clavier entier sur un modèle 11-12-11

sur un 12-11-10

Et sur un modèle en 12-11-10 :

le clavier entier sur un modèle 12-11-10

Les défauts

Comme je suis honnête, je vais aussi vous donner les défauts d'un clavier comme Ctrl-Alt-Suppr. Je pense que vous avez déjà bien compris les avantages : toutes les notes en poussé et en tiré, perte du décalage poussé/tiré, peu de différences par rapport au clavier traditionnel, pas d'altérations "sauvages" ou exotiques sur les deux premiers rangs, pas de doublons, cohérent sans le troisième rang, montée chromatique facile en tiré...

Je passe sur le fait qu'un clavier étendu réduit la tessiture de l'instrument, si celui-ci garde le même nombre de boutons. Cette difficulté à déjà été présentée plus haut, et elle a une solution en refléchissant sur les voix.

Le principal problème de ce clavier est que l'on perd le parallélisme entre les deux premiers rangs. Qu'est-ce que le parallélisme ? Le fait qu'entre un bouton sur la première rangée et le même bouton sur la deuxième, on a toujours exactement une quarte d'intervalle. Inversement, pour chaque bouton sur la seconde rangée, le bouton qui, sur la première rangée, est à peu près en face, est toujours sa quinte. Ceci est du au fait que, sur un accordéon bisonore, peu importe en quelle tonalité, la deuxième rangée n'est qu'une copie de la première avec une quarte de décalage.

Le parallelisme sur un clavier standard

Ce parallélisme permet tout un tas de "trucs" à l'accordéon. Par exemple, vous jouez un air en poussé/tiré en sol majeur sur la première rangée, et... hop ! vous le transposez en do majeur en jouant exactement la même chose sur la deuxième rangée, sans vous fatiguer ! Il permet aussi de trouver tout de suite, pour une note qui se trouve sur la deuxième rangée, sa quinte, en allant la chercher sur la première.

Sur Ctrl-Alt-Suppr, tout ceci n'est plus possible, puisque la progression sur la première rangée ne correspond pas exactement à la progression sur la deuxième. Le parallélisme est donc en partie perdu. Sur huit intervalles, seulement cinq sont des quartes dans un sens et des quintes dans l'autre, et trois sont des tierces dans un sens et des sixtes dans l'autre. Vous me direz, il est déjà perdu sur tout un tas de claviers récents, mais ce n'est pas une raison : c'est quand-même un peu dommage.

Le parallelisme perdu

Pythagoras

monter

seulement des basses

Sur le coté gauche d'un accordéon bisonore, on trouve, en alternance, des basses et des accords.Le système proposé ici a pour principale caractéristique qu'il supprime les accords tous faits (ou les quintes) que l'on touve à gauche. Ainsi, avec 12 boutons seulement (comme sur un 12 basses), il est possible d'avoir les 12 notes de la gamme chromatique en poussant et en tirant, c'est à dire l'équivalent d'un 24 basses.

La principale différence par rapport au 12 basses est que, plutôt que d'avoir deux rangées de 6 basses, on en aurait trois de 4 basses. Ceci semble plus facile pour composer des accords (voir plus loin) sans avoir à trop écarter les doigts.

En ce qui concerne la disposition, après mûre reflexion, je suis parvenu à la conclusion que la meilleure manière de les disposer consistait à passer de quinte en quinte, en allant du bas vers le haut, puis de la rangée la plus extérieure vers la rangée la plus intérieure. Ce schéma aurait aussi pu s'appeler "tout par quintes"...

Pythagoras
monter

seulement des basses ?

Le principal défaut que l'on peut trouver à ce système est qu'il ne permet pas de faire d'accords à la main gauche. Ce n'est pas tout à fait vrai. En utilisant un système de registre (voir Les voix - main gauche), il est possible d'enlever le son très grave des basses, et des faire soi-même ses accords à la main gauche. Ceci a pour principaux avantages que l'on choisit la tierce que l'on veut placer (majeure ou mineure) et que l'on n'est pas obligé de se contenter d'accords "majeur, mineur, septième".

C'est ici qu'apparaît l'utilité de deux particularités du schéma proposé plus haut : le décalage des basses, d'un rang à l'autre, et la disposition en quinte sur rangées de 4 boutons. La première particularité consiste à imiter les claviers à la main droite : s'il y a un petit décalage en hauteur d'une rangée à une autre, alors on peut utiliser deux doigts pour appuyer sur, par exemple, le premier bouton de la première rangée et le premier de la deuxième; alors que si les deux rangées sont exactement l'une en face de l'autre, il faut plaquer un doigt sur les deux boutons, ce qui n'est pas très pratique. De plus, la disposition en quintes, sur des rangées de 4 boutons, permet de retrouver très facilement la tierce : la tierce majeure se trouve en face, sur la rangée intérieure adjacente, et la tierce mineure se trouve en face, sur la rangée extérieure adjacente. Les accords majeurs et mineurs sont donc très faciles à faire (voir l'illustration).

L'inconvénient que l'on trouve alors est que l'on ne peut pas faire en même temps les basses et les accords à la main gauche. Si l'on met cet inconvénient dans une balance, avec, sur l'autre plateau, soit le fait que l'on n'a pas toutes les basses, soit celui que l'on a un accordéon immense et très lourd, je trouve que cet inconvénient est moins désavantageux que l'un des deux autres. Ceci dépend vraiment de ce qu'on veut faire avec la main gauche. Si cela ne me dérange pas de ne pas avoir les basses et les accords en même temps, cela peut en déranger d'autres. Il existe alors plusieurs solutions.

monter

les alternatives

Si l'on souhaite garder la même logique de clavier et le même nombre de basses, on peut utiliser des boutons "voleurs". Ce sont des boutons qui n'ont pas d'anche dédiée, mais qui vont repiquer les anches utilisées par leurs voisins. Dans notre cas, nous avons 3 anches sur une basse. Il est tout à fait possible d'imaginer un bouton, juste au dessus de la basse, qui reprendrait l'anche la plus aigüe, ou les deux anches les plus aigües de la basse. Ainsi, on garde le même nombre d'anches, par contre on a 24 boutons, dont la moitié consiste en des basses, et l'autre moitié en des notes plus aigües pour composer les accords.

le principe du bouton voleur

Personnellement, je n'ai pas opté pour ce système malgré ses avantage, car il devient très difficile de composer soi-même des accords, car avec 24 boutons, les écarts de doigts sont beaucoup trop grands. On doit utiliser soit 3 rangées de 8 boutons, soit 4 rangées de 6 boutons, mais dans les deux cas les écarts de doigts sont très grands. Une solution peut consister à utiliser des petits boutons "crayons" pour les basses, comme sur les chromatiques. Nous pouvons par exemple opter pour le système de Thomas Restoin, avec des boutons voleurs pour les fondamentales (me contacter pour en savoir plus).

Pour une autre bonne alternative, il y a le système de basses de Norbert Pignol et Stéphante Milleret, qui utilise les deux rangées extérieures en basse-accord, et seulement des basses sur la troisième : ils ont ainsi 24 basses sur 18 boutons. Par contre, avec des basses et des accords à deux voix seulement, ils ont le même nombre d'anche que sur un Pythagoras à trois voix, et ils n'ont pas d'accords pour les basses de la troisième rangée.

monter

possible sur 16 basses

Un autre avantage de ce système est qu'il relègue la plupart des altérations sur la troisième rangée de basses (la plus intérieure). Donc, cette disposition des notes sur la main gauche répond à la troisième exigences mentionée plus haut pour la main droite : il serait possible de faire une forme retrécie de ce clavier de basses, pour un instrument plus petit pour les apprenants. On peut donc enlever la troisième rangée de basses qui contient les altérations, il reste les 8 notes que l'on trouve dans les gammes de sol et de do, dont le fa#.

monter

...ou sur 32 !

Nous avons vu qu'il est facile de faire les accords de base, car, pour chaque note donnée, sa tierce mineure se trouve sur la rangée extérieure adjacente, et sa tierce majeure se trouve sur la rangée intérieure adjacente. Mais ceci ne marche pas pour les extrémités de l'accordéon : il n'y a pas de rangée extérieure adjacente à la rangée la plus à l'extérieur, idem pour la rangée intérieure. Ainsi, pour aller chercher la tierce mineure d'une note qui se trouve sur la première rangée en partant de l'extérieur, il faut retrouner sur la troisième; et pour chercher la tierce majeure d'une note de la troisième rangée, il faut retourner sur la première.

Ce problème peut être arrangé en ajoutant une quatrième rangée de basses, qui ne sera que la répétition de la première. Ainsi, pour faire un accord de do mineur, plutôt que de partir de la première rangée, on pourra partir de la quatrième, et retrouver la logique que nous avions sur les autres rangées. Pour faire un accord de sol# majeur, on pourra trouver le do sur la quatrième rangée, on n'aura plus à aller le chercher sur la première.

le clavier Pythagoras avec la rangée de rappels

Alors il convient de voir si le plus intéressant consiste à utiliser des boutons de rappel qui utilisent la même anche sur la première et la quatrième rangée, ou s'il n'est pas plus simple de rajouter les anches pour les quatre basses.

monter

unisonore ou bisonore ?

Au départ, ce clavier était prévu avec une quinte de décalage entre le poussé et le tiré (voir ancien schéma). Finalement, je trouve que les basses unisonores sont beaucoup plus pratiques, ceci dit, il est intéressant de garder cette idée de décalage en tête. Elle se rapproche des basses sur les accordéons "standards", et permet de faire facilement dans un sens ce qui aurait été un peu dire dans un autre.

Les voix

monter

main droite

Les voix ne concernent pas vraiment le clavier, mais elles ne sont pas à négliger pour autant. Il s'agit ici de l'accordage, soit le nombre et le genre d'anches qui vibreront lorsque l'on appuiera sur un bouton. La principale exigence pour la main droite sera de trouver un compromis entre un petit nombre d'anches (pour le poids et la tonicité) et une grande tessiture. L'accordage dépend beaucoup plus des goûts de chacun que le clavier, c'est pourquoi je me contente de proposer ce que je souhaiterais pour moi.

Aujourd'hui, certains accordéonistes n'utilisent plus le vibrato, qui est le fait que plusieurs anches, accordées à peu près à hauteur égale, sonnent en même temps lorsque l'on joue. On trouve des accordéons qui n'ont pas 2 voix médium + une voix basson, mais simplement une voix médium et un basson. C'est une bonne solution pour réduire le nombre des anches, je l'adopte.

Par contre, il est possible d'améliorer une certaine chose au niveau des deux voix qui restent pour augmenter la tessiture sans augmenter le nombre d'anches : mettre un écart, non pas d'une octave, mais de deux, entre la voix "basson" et la voix "flûte" (on appelle alors plutôt "piccolo" une voix deux octaves plus hautes que le basson). En effet, sur un clavier de trois octaves environ, si l'on a une voix "basson" et une voix "flûte" standard, avec une octave d'écart, on obtient un tessiture de 4 octave, avec deux octave que l'on trouve en double entre les deux voix, alors qu'avec deux octaves de décalage entre les voix, la tessiture passe à 5 octaves, avec un seul en commun :

explication des notes en commun

En jouant avec les registres, on obtient alors trois sons différents  un son piccolo, un son basson, et un son "organ" (l'équivalent du bandonéon, mais avec 2 octaves d'écart, et non plus un).

Notons que cet accordage explique pourquoi le la 440 était placé si haut sur le clavier : s'il était placé plus bas, la voix basson serait trop grave. Si quelqu'un adoptait le clavier mais sans les deux octaves de décalage entre les voix, il vaudrait mieux tout mettre une octave plus haut.

La "tessiture réelle"d'un tel instrument est de 5 octaves : ainsi se trouve compensé l'inconvénient mentionné plus haut. Ce modèle ne possède par ailleurs que 136 anches ((34 boutons poussé + 34 boutons tiré) X 2 voix), alors qu'un modèle standard (3 rangs, 3 voix) en possède 198 ((33 boutons poussé + 33 boutons tiré) X 3 voix).

monter

main gauche

Sur un tel accordéon, on a 72 anches (12 boutons X 3 voix par bouton X 2 pour le poussé-tiré), dont 24 grosses.
Sur un douze basses, on a 72 anches (((6 basses X 3 voix poussé) + (6 basses X 3 voix tiré)) + ((6 accords X 3 voix poussé) + (6 accords X 3 voix tiré)), dont 12 grosses.
Sur un dix-huit basses standard, on a 108 anches (((9 basses X 3 voix poussé) + (9 basses X 3 voix tiré)) + ((9 accords X 3 voix poussé) + (9 accords X 3 voix tiré))), dont 18 grosses.
Sur un système Milleret/Pignol, on a aussi 72 anches (((12 basses X 2 voix poussé) + (12 basses X 2 voix tiré)) + ((6 accords X 2 voix poussé) + (6 accords X 2 voix tiré)), dont 24 grosses.
Si l'on considère qu'une grosse anche en vaut deux normales, on a :

système poids en "équivalent anches normales"
Pythagoras((24 X 2) + 48) = 96
12 basses standard((12 X 2) + 60) = 84
18 basses standard((18 X 2) + 90) = 126
Pignol/Milleret((24 X 2) +48) = 96

(pour parvenir à ce tableau, je fais "total des anches - (anches basses X 1) + (anches basses X 2)". Le "basses X 2" est au début de la ligne, puis vient le "total des anches - (anches basses)", et le total en "équivalent anches normales".)

En réalité, on constate qu'un 24 basses ainsi pensé est à peine plus lourd qu'un 12 basses avec les accords. Il fait le même poids qu'un Milleret/Pignol, mais possède des basses à 3 voix, et non à 2. Et il est bien plus léger qu'un 18 basses... Se pose ensuite la question de la registration, qui peut influer sur le poids de l'instrument... Dans le cas de l'instrument que j'ai commandé, il y aura un registre pour chacune des trois voix des basses, donc 7 sons possibles à gauche !

monter

Sur d'autres claviers - Alt-F4

Ici nous tenterons de proposer une "version soft" du schéma de clavier, qui conserve un maximum des particularités du clavier traditionnel (décalage poussé/tiré à chaque octave, ...), mais l'esprit de Ctrl-Alt-Suppr. Ce clavier a pour cible ceux qui sont séduits par la démarche mais la trouvent excessive et ne veulent pas avoir à tout changer.

Le principe de base de Ctrl-Alt-Suppr est de supprimer les doublons de sol poussé et de la tiré, en les remplaçant non pas par des altérations, mais par des notes de la gamme qui correspond à la rangée. Le potentiel troisième rang est alors réservé aux altérations et n'accueille pas de sol ni de la.

Ainsi, sur un deux rangs, on gagne déjà beaucoup en intervertissant simplement le sol et le la (j'ai laissé la suppression du la tiré grave sur la deuxième rangée, que l'on trouve sur tous les claviers)  :

interversion du sol et du la redondants

La place laissée vacante sur le troisième rang peut alors être comblée, par exemple, par un do# en poussé et un sol# en tiré. Nous pouvons même aller plus loin (mais pas trop, sinon on quitte la "version soft"...) en répétant sur le troisième rang le fameux décalage entre poussé et tiré d'une octave à une autre. Pour cela il suffit de mettre quatre notes en tiré et trois en poussé, comme sur les deux autres rangs. Nous rajoutons donc encore le mib en tiré. On obtient alors ceci 

schéma soft sur trois rangs

Étant donné que l'inversion du sol et du la sur le deuxième rang nous ont fait économiser de la place sur le troisième, on peut placer toutes les altérations sur la troisième en tiré, et donc avoir toutes les notes en tiré. On peut donc choisir de mettre plutôt un fa ou un fa# sur la troisième rangée en poussé, pour l'agrément, plutôt que des altérations qu'on a déjà en tiré. On se rapproche alors un peu d'un système Milleret/Pignol. C'est à vous de doser quelle quantité de fa, de fa# ou d'autres altérations vous metterez sur la troisième rangée, selon ce que vous jouez, puisque moi, je jouerai sur un Ctrl-Alt-Suppr !

Ce système, qui est un consensus entre Ctrl-Alt-Suppr et un schéma plus commun, porte le doux nom de Alt-F4 ! L'inversion du sol et du la est assez courante, et l'on trouve déjà beaucoup de schémas comme celui-ci parmi les accordoénistes

monter

Récapitulatif

Résumons brièvement les principales propriétés de l'accordéon de mes rêves  (si l'on considère qu'il s'agit d'un nouvel instrument, car il est trop différent du "diato de base", alors on pourra l'appeler "accordéon platonique", car en attendant de le voir réalisé, je me contente d'en jouer sur une feuille de papier...).

Vous pouvez télécharger :

à droite

Ctrl-Alt-Suppr

à gauche

Pythagoras

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http://malomorvan.free.fr

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